Une journée type de la mission Karubenthos.

Un inventaire de la biodiversité marine de Guadeloupe.


Rédigé le Dimanche 1 Juillet 2012 à 09:27 | Lu 1395 commentaire(s)

Un inventaire commence par une collecte de spécimens suivi d’un travail de laboratoire pour l’identification de l’espèce.


En 2012, Eden Plongée est contacté par le Parc National de Guadeloupe pour être partenaire de la première mission d’inventaire du Muséum d’Histoire Naturelle, Karubenthos. Une invitation qui ne se refuse pas pour des passionnés de biologie sous-marine comme nous !
Une mission d’inventaire de la biodiversité, ce sont tout d’abord des opérations quotidiennes de collectes sur le terrain par les plongeurs et mareyeurs ainsi que des dragages. Les collectes sont immédiatement suivies d’une succession d’opérations – tamisage, tri, photographie, barcode -  au laboratoire, installé pour l’occasion sur le campus de l’UAG. La mission terminée, les échantillons collectés seront étudiés dans le détail afin de dresser les listes des espèces des groupes étudiés  dans la région.


Les collectes

Prélévement de roches en plongée.
Prélévement de roches en plongée.

Dès 7h du matin les opérations de terrain débutent, les participants chargés des collectes sont prêts à se diriger vers les sites définis la veille.
Les plongeurs prennent la route vers Port-Louis où ils embarquent pour l’exploration des grottes sous-marines du nord Grande-Terre. Les pêcheurs à pieds partent à leur tour pour collecter la faune littorale, depuis le haut estran jusqu’à 2 m, au sud de Port-Louis. L’équipe de dragage embarque pour le Grand Cul de Sac.


Collecte sélective à la main en plongée.
Collecte sélective à la main en plongée.
Les collectes en plongées s’opèrent essentiellement de façon non sélective, par brossage de parois rocheuses et bloc de coraux morts ou cailloux et par un système d’aspirateur sous-marin ou suceuse.

Les algues sont quant à elles collectées « à vue ».
Les algues sont quant à elles collectées « à vue ».

Ces méthodologies requièrent une bonne connaissance des milieux, permettant de cibler les zones de parois, brossées ou aspirées, les plus riches en biodiversité. Les algues sont quant à elles collectées « à vue », tout comme les plus grandes espèces de mollusques, crustacés et échinodermes.


Brossage des rochers et blocs de coraux morts.
Brossage des rochers et blocs de coraux morts.
A pieds, et parfois en PMT, les mareyeurs explorent tous les milieux, de la mangrove aux rochers et blocs de corail morts, les substrats sableux comme vaseux, à la recherche des mollusques, crustacés et algues qui y vivent.
Tout comme les plongeurs, les mareyeurs brossent également les rochers pour recueillir les micro-espèces vivant à leurs surfaces.

Les associations.

Les racines de palétuviers sont le support de nombreux épibiontes.
Les racines de palétuviers sont le support de nombreux épibiontes.

A chaque milieu correspond son cortège d’espèces, et les recherches sont menées en fonction de cela. Les associations telles commensalisme ou parasitisme sont prises en compte et la présence d’une espèce hôtes potentielle permet souvent de découvrir son commensal ou ses parasites.
A la limite entre mangrove et herbier à Thalassia, les racines de palétuviers sont le support de nombreux épibiontes tels les Isognomon alatus.

 


Monaie Caraïbe Sinuée (Cyphoma signatum).
Monaie Caraïbe Sinuée (Cyphoma signatum).
L’exemple le plus classique, observé par tous les plongeurs, est celui de la Monnaie caraïbe (Cyphoma signatum) sur les gorgones.

Quelques autres exemples sont présentés ici.

Heliacus cylindricus sur son zoanthaire Zoanthus sp.
Heliacus cylindricus sur son zoanthaire Zoanthus sp.


Coralliophila caribaea parasite du corail Montastrea annularis.
Coralliophila caribaea parasite du corail Montastrea annularis.


Deux Melanella eulimoides parasites d’une holothurie.
Deux Melanella eulimoides parasites d’une holothurie.
La famille des eulimidae réunis des escargots parasites des échinodermes.

Le travail de laboratoire.

Vue d'ensemble du laboratoire.
Vue d'ensemble du laboratoire.

Les premiers prélèvements sont ramenés au laboratoire en cours de matinée : résidus de dragages et des premières plongées, suivis de près par les collectes des mareyeurs. L’après-midi les opérations de dragage et les plongées se poursuivent ainsi que les livraisons de résidus.


Les gros spécimens sont triés à l'oeil nu.
Les gros spécimens sont triés à l'oeil nu.

Après tamisage selon 5 fractions différentes, l’ensemble des résidus de dragages, brossages (plongées et marée), et d’aspirateurs sous-marin, sont triés pour en extraire les crustacés et mollusques. Les grosses fractions sont traitées à l’œil nu, les fractions fine à l’aide d’une loupe binoculaire.


Observation et identification des spécimens à l'aide d'une loupe binocualire.
Observation et identification des spécimens à l'aide d'une loupe binocualire.

Les grosses fractions sont traitées à l’œil nu, les fractions fine à l’aide d’une loupe binoculaire.


Photographie des spécimens vivants.

Gastéropode. Tricolia.sp
Gastéropode. Tricolia.sp
Outre la coquille, le corps des mollusques peut présenter des caractéristiques importantes pour sa détermination. Pour cela au moins un individu de chacune des espèces collectées est photographié

Gastéropode. Eulimidae.sp
Gastéropode. Eulimidae.sp

Les crustacés sont eux aussi photographiés frais afin de garder une trace de leurs riches motifs colorés. L’éthanol, utilisé pour leur conservation, a en effet pour inconvénient de dégrader les couleurs.


Fixation pour le barcode.

Racine de Palétuviers colonisé par différents organismes.
Racine de Palétuviers colonisé par différents organismes.

Dernière étape du travail de laboratoire, la fixation de spécimens de chacune des espèces collectées, en vue du séquençage de certains de leurs gènes. L’analyse des différences génétiques est une aide précieuse à la caractérisation des espèces et au décryptage de leurs liens phylogénétiques. Pour cela, une équipe de « barcodeurs » isole pour chaque spécimen sélectionné un échantillon de tissus – du pied en général - dans de l’éthanol à 95% qui prévient l’ADN de toute dégradation.
                                      Qu'est-ce que la barcode :
Suivez le lien.
 

Ce n’est qu’une fois les derniers spécimens fixés, souvent bien après 22h, que le laboratoire ferme ses portes. Très vite le lendemain, les équipes de collecteurs  seront de retour pour un départ vers de nouveaux sites.


Laurent CHARLES


Laurent CHARLES
Chargé des collections de Mollusques au Muséum d'Histoire Naturelle de Bordeaux a effectué plusieurs missions à titre personnel en Guadeloupe.
Excellent connaisseur des habitats littoraux, il a participé à l’inventaire au sein de l’équipe à terre (collectes à pieds/tamisage/tri des résidus/conditionnement).

 

Eden Plongée était partenaire de la mission Karubenthos du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris. Vous pourrez découvrir cette biodiversité lors d'un stage de biologie avec nous !

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